Ennéagramme des personnalités :
une clé magistrale en psychologie,
trop souvent ignorée
Cette page, qui se veut précise dans sa description de ce que propose l’Ennéagramme des personnalités, est particulièrement dense et de lecture difficile lors de certains passages pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore le modèle.
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La popularité de l’ennéagramme peut se mesurer au nombre de livres édités : une vingtaine en langue française et aux multiples propositions de formation, à titre privé ou professionnel. Son absence de considération par la psychologie universitaire est probablement liée à son origine traditionnelle et de son association au secteur du développement personnel, mal connoté dans l’univers scientifique. Et pourtant, en psychothérapie, il est une clef magistrale qui explique de nombreux problèmes de vie personnelle et relationnelle, avec une pertinence sans équivalent, en apportant des solutions spécifiques pour la personne concernée. En entreprise, il permet des améliorations notables dans la gestion des ressources humaines : adéquation des personnes à leur poste de travail, gestions des problèmes relationnels.
Du mystère des origines à la vulgarisation récente par les livres
Comme pour beaucoup de savoirs traditionnels, les origines de l’ennéagramme se perdent dans un passé lointain. Les diverses traces qui révèlent sa connaissance montrent qu’il a traversé les époques par une transmission orale et plutôt secrète. Sa révélation au grand public par des livres est récente, le premier est paru en 1984.
Oscar Ichazo, qui a beaucoup contribué à la révélation de ce modèle était très attaché au respect de la tradition orale, et il a tenté de s’opposer, en vain, à la publication du premier livre.
D’un côté on peut se réjouir de l’arrivée de ces ouvrages sans lesquels le modèle serait aujourd’hui le privilège d’une élite. De l’autre, la transmission vulgarisée a favorisé le glissement vers une typologie avec laquelle on se reconnait et on reconnaît les autres. Cette simplification, qui a facilité l’accès au modèle, perd cependant ce qui fait son intérêt majeur : le mécanisme profond des comportements et la complexité des configurations individuelles qui nuancent les caractères de la base principale.
☛ Notre point de vue sur les livres est exprimé sur la page bibliographie.
Pourquoi l’ennéagramme est une clef magistrale en psychologie ?
La psychologie avec tous ses courants est une mine de connaissances sur le fonctionnement du psychisme humain et les solutions aux difficultés rencontrées. Elle a cependant une limite constante : elle propose les mêmes mécanismes et les mêmes solutions pour tous. Or, les problèmes se posent de manière différente selon la construction de la personnalité. Avec l’Ennéagramme, un même problème est considéré de manière différente selon la base de personnalité et les solutions proposées sont spécifiques aux mécanismes qui la caractérisent.
Il existe de nombreux modèles traditionnels, dans différents domaines, qui ont des applications plus ou moins pertinentes. L’ennéagramme est une clef magistrale en psychologie parce qu’une fois la base identifiée (la bonne !), il décrit les mécanismes, les manifestations et les problèmes rencontrés d’une manière sidérante. Il explique ce qui se passe en nous, dans l’inconscient invisible, et éclaire comment nous nous comportons, comment nous réagissons, et comment nous butons de manière récurrente sur certaines difficultés sans comprendre pourquoi et sans trouver de solution.
Le principe fondamental : ce qui nous limite et nous pousse à évoluer
Dans son concept traditionnel, spiritualiste, transmis par Oscar Ichazo, nous venons en monde en perdant la complétude. Quelque chose nous manque et installe en nous une peur fondamentale. Nous adoptons alors un point de fixation qui nous sécurise et cherche par tous les moyens à se maintenir pour nous protéger de cette peur. L’envers de la médaille est d’être limité dans notre potentiel. Se sécuriser en se fixant conduit fatalement à restreindre le champ des possibilités.
Ce point de fixation cristallise le socle d’une construction psychologique qui, dans la même logique que la construction biologique qui forme un organisme, cherche à protéger son fondement pour se maintenir et se régénérer quand elle est abîmée par une épreuve. La structure de ce pont de fixation pourrait être comparé à l’ADN en biologie : une racine vivante qui alimente une construction limitée capable de survivre (se maintenir, s’adapter, se régénérer) dans le monde de la matière.
Ce point de fixation est appelé « ego » par les traditions spirituelles. L’ego est la source de nos croyances et de nos comportements. Spontanément, nous nous identifions à notre ego, pensant que nous sommes cela, ce qui s’oppose à toute démarche de changement.
Comme la sécurisation s’est consolidée par l’intérieur, ce qui nous manque est alors recherché à l’extérieur, avec l’illusion que cela pourrait nous combler. Nous entrons dans une quête de l’inaccessible, pour laquelle nous allons développer équipement sur mesure : notre personnalité, enracinée dans l’ego, et taillée pour la survie. La quête de l’inaccessible crée le mouvement par lequel nous maintenons (avec des hauts et des bas) une certaine stabilité, alors que tout équilibre est impossible. Lâcher le fil de la quête donnerait le sentiment de sombrer dans un gouffre
Notre construction de personnalité nous donne d’un côté nos qualités naturelles et de l’autre, crée nos difficultés. Pour éviter ou résoudre les difficultés qui nous déstabilisent, nous amplifions cette quête extérieure qui nous accroche au fil de la quête, et nous nous épuisons, car cette quête est sans fin. La seule solution durable est donc évolutive : développer la qualité qui comble notre manque intérieur et met fin à la quête extérieure. Pour chaque base, il y a un manque, une quête, un mécanisme comportemental majeur, et une voie évolutive pour en sortir.
☛ Le tableau Dynamique des 9 bases de l’Ennéagramme résume les caractéristiques de chaque base, avec des formulations simplifiées.
☛ Le schéma Dynamique comportementale des bases de l’Ennéagramme synthétise le concept traditionnel de l’Ennéagramme.
La diversité des constructions psychologiques et de leur quête associée forme une humanité qui collectivement possède toutes les qualités pour faire fonctionner une société. Il faudrait pour cela que les êtres tolèrent leur différence et apprennent à coopérer. Comme ce n’est pas les cas, la confrontation des différences crée d’innombrables souffrances. Pour sortir de cette souffrance chronique dont l’humanité, il existe deux voies, qui évoluent parallèlement :
– L’évolution individuelle qui élargit notre potentiel et nous rend plus tolérant et plus adaptables aux difficultés que nous rencontrons. C’est ce que propose l’Ennéagramme.
– L’évolution collective par les valeurs communes que partage la communauté humaine. Après avoir développé une affirmation de soi individualiste qui obtient ce qu’elle désire par la force ou la compétition, nous entrons progressivement dans un niveau d’existence dans lequel cette capacité d’affirmation est au service du collectif par la coopération. Ce processus d’évolution collective est décrit par la Spirale Dynamique.
Le fonctionnement psychologique des bases de l’Ennéagramme : une logique complexe qui se révèle lumineuse avec l’expérience.
Nous entrons là dans la partie « technique », la plus difficile de l’Ennéagramme, qui demande un apprentissage pour en saisir l’intérêt et l’utiliser de manière bénéfique. Le descriptif donné ci-dessous est juste un aperçu
La méthode des panels, développées par des universitaires (Claudio Naranjo et Helen Palmer), a fait travailler ensemble des personnes fonctionnant sur la même base, afin de faire émerger les traits comportementaux qui leur sont communs. C’est le versant psychologique de l’Ennéagramme, qui a proposé les descriptifs que l’on trouve désormais dans tous les livres.
Le principe spiritualiste, en plus de la quête qui oriente le comportement, donne les clefs d’une organisation psychique à la fois simple et complexe avec 4 caractéristiques formant chacune une triade incluant 3 bases, chaque triade contenant des bases différentes.
– Existence de trois centres psychiques (instinctif, émotionnel, mental) auxquels sont associés une émotion structurelle (colère, manque de reconnaissance, peur). Chaque base fonctionne ancrée sur l’un de ces trois centre que l’on appelle centre principal
– Chaque centre peut s’orienter de trois manières (vers l’extérieur, vers l’intérieur, les deux à la fois).
– Chaque émotion structurelle est gérée de trois manières (exprimée, contrôlée ou refoulée).
– Dans chaque base il y a un centre psychique principal en position de socle, un centre support avec lequel il coopère, et un centre délaissé (ou réprimé) qui fonctionne moins bien et s’efface en cas de stress.
Toutes ces triades sont décalées de manière à ce qu’aucune ne se superpose. Ainsi, chaque base est associée à un ensemble de caractéristiques qui lui sont propres. Dans chaque triade, les trois bases ont des points communs, et l’ensemble des caractères se répartit ainsi de manière complexe, formant de la diversité dans l’unité.
Les deux sources (spiritualiste et psychologique) résonnent à merveille : la construction de la personnalité explique de manière simple et logique les comportements observés, et donne ce qui manque aux diverses typologies de personnalité : le mécanisme inconscient qui crée les comportements. Ce mécanisme se comprend par la quête de ce qui manque et le cumul des 4 caractéristiques psychiques du modèle.
Le tableau Configuration psychique des bases de l’Ennéagramme synthétise toutes les caractéristiques de chaque base.
Comment la psychologie humaine peut-elle se construire sur un modèle si précis ?
L’ennéagramme propose un modèle précis du fonctionnement psychique humain. La grande majorité des personnes qui s’intéressent à ce modèle s’y retrouvent. Cela ne prouve pas pour autant sa vérité aux sens scientifique. Cette question est développée dans l’article : Peut-on affirmer la validité de l’Ennéagramme ?
Pourquoi tant de différences entre les individus alors qu’il n’y a que 9 bases ?
Si la base de l’Ennéagramme déterminait tous les traits de personnalité, l’humanité serait composée de 9 catégories de personnes à l’intérieur de laquelle toutes seraient psychologiquement identiques. Ce n’est évidemment pas le cas. Il existe deux niveaux supplémentaires de différenciation qui conduisent au final à des personnalités uniques, comme c’est le cas en biologie alors qu’il y a un nombre limité de gènes, qui s’associent et s’expriment de diverses manières.
– Le premier niveau de différentiation est inclus dans l’Ennéagramme qui décrit, pour chaque base ,12 configurations distinctes.
– Le second niveau est en dehors de l’Ennéagramme. Il fait entrer en scène ce qui est spécifique à l’individu : son héritage généalogique et son histoire personnelle.
Les nuances d’une base, première clef de la diversité
L’Ennéagramme dans sa version la plus avancée décrit pour chaque base 2 variants (α et µ) selon le centre psychique réprimé, deux ailes selon la base contact qui se développe, et trois sous -types selon la(es) caractéristique(s) instinctive(s) perturbé(es) pendant l’enfance : survie, vie sociale, intimité.
Chaque base est également reliée à deux autres suivant les lignes du symbole de l’Ennéagramme. On les appelle « directions ». Elles apportent des caractéristiques comportementales supplémentaires.
Ces aspects sont développés sur la page : Configuration d’une base de l’Ennéagramme.
La vie personnelle, deuxième clef de la diversité
L’Ennéagramme aves les 9 bases et leurs nuances définit 108 configurations, ce qui est bien peu pour expliquer la diversité de l’humanité. Une configuration donne un socle structurel qui va se moduler pour s’adapter à l’environnement de l’enfance, de deux manières :
– Organisation spécifique des différentes parties de la configuration : les ailes et directions peuvent prendre une importance particulière, et parfois même masquer la base principale.
– Coloration de la personnalité par les traumatismes vécus, l’imprégnation culturelle, le système de valeurs développée.
Au final, un être unique.
Quelle place de la configuration Ennéagramme dans la construction spécifique d’un être humain ?
L’Ennéagramme ne définit pas toute la construction psychologique d’un être humain. Il en éclaire cependant une charpente, inamovible, qui définit ce qui pose problème ou en posera tôt ou tard, et la voie évolutive qui permet de sortir des répétitions de difficultés. Il est indépendant des réactions post-traumatiques, des bases culturelles, et des valeurs acquises.
L’expérience de l’Ennéagramme nous dit, notamment par la voix de Fabien Chabreuil, que nous naissons avec une base que nous allons développer, qu’elle ne changera pas, et que nous en possédons toutes les caractéristiques. Ce serait en fait comme un code génétique. Si nous n’en voyons pas certaines, cela veut dire qu’elles sont en zone aveugle de notre auto-observation, ou qu’elles ont été là au départ et qu’un processus adaptatif nous en a ensuite écarté.
Cette vision ne repose que sur une hypothèse, et doit donc être considérée avec prudence. Il est cependant interpellant de constater, régulièrement, qu’un mécanisme comportemental qui semblait complètement étranger à une personne deviennent une évidence après une auto-observation éclairée par le processus. La prudence dans l’accompagnement consiste à ne jamais forcer à voir ce que l’on souhaiterait qui soit vu conformément au modèle attendu. Il y a là un point de dérapage sensible entre lever le voile sur ce qui est caché à la vision de soi (point aveugle), et induire quelque chose qui n’existe pas encore et qui va désormais exister et se vérifier. La qualité de l’accompagnement non directif est alors primordiale.
Comment connaître sa configuration Ennéagramme ?
La popularisation de l’Ennéagramme a conduit à la publication de nombreux livres descriptifs des bases, et à la proposition de nombreux tests.
L’expérience nous a montré que l’autodétermination par la simple lecture d’un livre conduit régulièrement à des erreurs. De même l’utilisation de tests ne permet pas une identification juste de la base dans plus de la moitié des cas (voir l’article : test Ennéagramme : quelle fiabilité ? quelle utilité ?)
Pour déterminer seul(e) sa configuration, il faut à la fois une bonne connaissance du modèle et une réelle capacité d’auto-observation capable de nous voir tel que nous sommes (ce qui est rare).
L’idéal est de se faire aider, lors d’une formation ou d’un accompagnement, par un praticien compétent, en se méfiant des déterminations trop rapides ou qui ont omis la phase dans laquelle chacun doit se reconnaître lui-même, sans équivoque (et non par défaut), dans la dynamique d’une base.
Pour plus d’information, voir la page : Comment connaître sa propre configuration
Qu’apporte la connaissance de sa propre configuration ?
Notre configuration Ennéagramme nous offre une connaissance sans équivalent de la dynamique qui détermine nos comportements spontanés, nos évitements, et nous éclaire sur ce qui nous met régulièrement en difficulté. Cela nous aide à accepter ce qui est structurel en nous et ne peut pas être changé. Cela nous montre également les voies évolutives et nous propose des outils adaptés pour favoriser cette évolution.
La connaissance générale de l’Ennéagramme acquise en formation n’a pas pour objectif de cataloguer notre entourage, ce serait entrer dans la dérive qui contribue à dévaloriser cet outil. Une configuration Ennéagramme ne peut être déterminée, en toute sécurité, que par la personne elle-même qui se reconnaît pleinement dans un mécanisme fonctionnel, lors d’un stage de formation ou par l’accompagnement d’un praticien compétent. Hors de ces contextes, il y a un risque réel de se tromper.
La connaissance de l’Ennéagramme nous apporte cependant plusieurs avancées notables dans nos relations :
– Un accroissement de tolérance en intégrant que les comportements des autres que nous ne comprenons pas sont liés à des constructions différentes. Chacun fait ce qu’il peut avec ce qu’il est, et n’a pas forcément les intentions que nous projetons, quand nous jugeons ces comportements à partir de notre propre modèle.
– Quand nous connaissons la configuration (ou simplement la base) d’une personne parce qu’elle a fait la démarche de la connaître, il est plus aisé de la comprendre et d’adapter nos comportements pour faciliter la relation.
– Quand nous ne connaissons pas la configuration d’une personne, mais que nous reconnaissons des comportements d’une base, il est souvent favorable, notamment dans le cadre professionnel, d’ajuster notre position et notre communication pour favoriser la relation, sans avoir besoin de savoir si c’est la base de cette personne ou si elle utilise le potentiel de cette base dans le contexte qui nous concerne.
Qu’apporte la connaissance générale de l’Ennéagramme dans les relations ?
La connaissance générale de l’Ennéagramme acquise en formation n’a pas pour objectif de cataloguer notre entourage, ce serait entrer dans la dérive qui contribue à dévaloriser cet outil. Une configuration Ennéagramme ne peut être déterminée, en toute sécurité, que par la personne elle-même qui se reconnaît pleinement dans un mécanisme fonctionnel, lors d’un stage de formation ou par l’accompagnement d’un praticien compétent. Hors de ces contextes, il y a un risque réel de se tromper.
La connaissance de l’Ennéagramme nous apporte cependant plusieurs avancées notables dans nos relations :
– Un accroissement de tolérance en intégrant que les comportements des autres que nous ne comprenons pas sont liés à des constructions différentes. Chacun fait ce qu’il peut avec ce qu’il est, et n’a pas forcément les intentions que nous projetons, quand nous jugeons ces comportements à partir de notre propre modèle.
– Quand nous connaissons la configuration (ou simplement la base) d’une personne parce qu’elle a fait la démarche de la connaître, il est plus aisé de la comprendre et d’adapter nos comportements pour faciliter la relation.
– Quand nous ne connaissons pas la configuration d’une personne, mais que nous reconnaissons des comportements d’une base, il est souvent favorable, notamment dans le cadre professionnel, d’ajuster notre position et notre communication pour favoriser la relation, sans avoir besoin de savoir si c’est la base de cette personne ou si elle utilise le potentiel de cette base dans le contexte qui nous concerne.