Ni Pro ni anti-vaccination, pour un réflexion collective, constructive et apaisée
Sommaire
L’annonce par le ministère de la santé d’un projet d’obligation pour 11 vaccins a déclenché une nouvelle polémique entre les autorités sanitaires qui défendent l’intérêt de la vaccination et les opposants qui demandent la liberté vaccinale.
Une polémique sans issue parce que la guerre argumentaire est sans fin, et que le vrai problème posé par cette obligation, le conflit entre liberté individuelle et intérêt collectif, est complexe.
Les atouts de l’obligation vaccinale
❍ Les vaccins protègent rarement à 100 % contre la maladie ciblée, mais il est clair qu’ils limitent le risque, ce que montre la chute significative de l’incidence de certaines maladies suite aux campagnes de vaccination. Cette prévention maîtrisée avec un risque très faible garanti par les experts médicaux est un projet collectif cohérent dans une politique de santé qui doit à la fois protéger la population et prendre en charge le coût élevé des conséquences de ces maladies.
❍ Cette prévention est plus efficace, pour les maladies à transmission interhumaine, si chacun est vacciné, puisque cela ouvre la possibilité d’enrayer la diffusion de l’agent infectieux.
Un manque de transparence et de précaution
❍ Il est clair que les risques directement liés aux vaccins sont très faibles, sinon, depuis le temps que l’on vaccine en masse, des effets indéniables seraient apparus. Il y a cependant des accidents bien réels. Il est difficile d’avoir des chiffres fiables sur leur fréquence, alors que nous débordons de statistiques sur tout et souvent bien peu utiles.
❍ Un lien bien est aujourd’hui établi entre l’aluminium et la myofasciite à macrophages, par un chercheur compétent, honnête et non partisan [1], qui témoigne de toutes les entraves rencontrées pour la publication de ses travaux et la poursuite de ses recherches. Pourquoi cela ?
L’influence du lobby pharmaceutique sur la sphère politique joue un rôle difficile à évaluer. Le manque de transparence à ce niveau n’est pas rassurant. Les intérêts économiques vont rarement dans le même sens que l’optimisation de la santé pour tous.
❍ Il y a un manque de questionnement et de recherche sur les conséquences d’une agression non physiologique du système immunitaire sans aucune préparation. Dans une infection naturelle, le microbe passe par plusieurs étapes qui rencontrent progressivement plusieurs niveaux de la défense immunitaire. Lors d’un vaccin, il y a effraction cutanée avec injection d’une préparation antigénique qui par elle-même ne déclenche pas une réaction immunitaire suffisante. Cette réaction et activée par un adjuvant, comme l’hydroxyde d’aluminium, en espérant qu’elle sera bien orientée contre l’antigène associé. Et pourquoi pas contre d’autres cibles ? Comment un système immunitaire, surtout immature chez un bébé de quelques mois, va-t-il se comporter dans une situation qui n’a pas été prévue dans sa construction évolutive ? Est-ce que cela intervient ou non dans l’incidence grimpante de maladies auto-immunes et autres dysfonctionnements immunitaires ? C’est déjà difficile à démontrer, et cela ne risque pas d’arriver si de vraies recherches ne sont pas entreprises dans cette direction. Où est le principe de précaution, le garant de la sécurité de tous ?
Des raisons légitimes de ne pas se faire vacciner
– La toxicité connue de certains composants (aluminium, mercure) ;
– Trop de flou sur le risque réel de réaction vaccinale qui invite à imaginer le pire,
– Incertitudes sur les effets à long terme sur la santé générale ;
– Hypothèse sur le rôle des maladies infantiles dans la construction du système immunitaire : la rougeole a été pendant des générations un cofacteur présent lors du développement des organismes, et celui-ci est peut être intégré comme nécessaire par le processus adaptatif ;
– Il vaut mieux pour un enfant avoir une rubéole qui est toujours inoffensive avec une immunité définitive, plutôt qu’un vaccin qui apporte une immunité transitoire et nécessitera des rappels qui ne sont pas toujours effectués. Cela n’empêche pas de vacciner plus tard les jeunes femmes non immunisées en âge de procréer, puisque le seul risque de cette maladie concerne la grossesse.
La position très partisane et parfois peu responsable des mouvements anti-vaccinaux
❍ Dans les argumentaires anti-vaccinaux, il y a une absence de prise en compte de l’efficacité relative mais significative des vaccins, et de la faible incidence de conséquences néfastes. Cela conduit à des contrevérités sur l’efficacité et des propos catastrophiques qui ne font pas avancer le débat, et perturbent une partie de la population qui ne sait plus comment faire et se retrouve coincée sans critère pertinent de choix, avec la peur dans tous les cas. Comment réagira une famille face à une encéphalite invalidante, voire mortelle, qui ferait suite à une rougeole sur un enfant non vacciné ?
❍ La mise en avant de témoignages isolés avec une généralisation de dangers sans aucune rigueur statistique est une technique de propagande, pas une démarche de science.
❍ Le positionnement n’est pas clair sur la prise en charge collective d’une maladie qui surviendrait, alors que ce même collectif proposait une prévention qui n’a pas été suivie.
❍ Le projet d’obligation vaccinale a été une belle aubaine pour certaines revues ou sites d’informations, qui s’empressent de se positionner en champion de la cause, avec chacun sa pétition qui permet de récupérer des abonnés ou des adresses mail pour leur futures promotions. Pourquoi pas une concertation avec toutes les associations qui œuvrent depuis longtemps sur un sujet qu’elles connaissent bien, suivie d’une éventuelle action collective qui ne cherche pas à retirer un bénéfice ?
Les risques d’une vaccination massive mais non généralisée
❍ Toute vaccination de masse modifie la circulation de l’agent infectieux et diminue le risque pour tous, y compris les non vaccinés, pour qui il devenu improbable de développer les maladies infantiles lors de l’enfance. Elles risquent donc de survenir au cours de l’adolescence, voire à l’âge adulte. Or, nos organismes ne sont pas prévus pour cela. Les risques de complications de la rougeole, augmentent avec l’âge, cela est connu depuis longtemps. Ceux qui font le choix de la non-vaccination se retrouvent dans une situation profondément modifiée par la vaccination des autres : moins de risque d’avoir la maladie enfant, et davantage de risque de l’avoir à l’âge adulte, ce qui est plus grave. Est-ce finalement un avantage pour eux comme l’avancent les pro-vaccinaux, ou un inconvénient ?
❍ Il y a aussi le danger pour les vaccinés de l’enfance qui ne font pas de rappel (ce qui est très fréquent), de contracter la maladie à l’âge adulte, avec un risque de complications. On pourrait ainsi observer des rubéoles en cours de grossesse survenant chez des femmes de plus de 30 ans convaincues d’être protégée par leur vaccin ancien. Qui sera responsable dans ce cas ?
☛ Ces considérations rarement évoquées montrent le piège d’une stratégie collective de vaccination, qui pour ne pas induire de risques nouveaux, devrait être générale et suivie des rappels nécessaires par tous
Liberté individuelle contre projet collectif, la vraie raison de l’impasse
❍ Face à la complexité de la situation et du labyrinthe sans fin de l’analyse argumentaire, laisser la liberté individuelle semble la solution la plus simple : ceux qui veulent le vaccin se vaccinent, et ceux qui ne le souhaitent pas ne se vaccinent pas.
❍ Cette solution oublie cependant la dimension collective du projet vaccinal : ceux qui refusent de suivre le mouvement entravent le projet de faire disparaître la maladie (discutable, mais légitime). En prenant un risque pour eux-mêmes, ils seront peut-être un poids futur pour la collectivité qui devra prendre en charge une maladie et ses complications possibles, favorisées par l’âge tardif de survenue, alors que celle-ci aurait pu être évitée.
❍ On peut se poser aussi la question aujourd’hui de la responsabilité de la prévention des enfants dans une société qui a mutualisé la protection sociale. Peut-on la confier aux autorités sanitaires malgré le manque de transparence déjà évoqué, ou doit-on la laisser libre à des parents qui n’ont pas toujours les compétences pour faire un choix éclairé, et peuvent se laisser influencer par des propos partisans parfois peu responsables ?
☛ Une voie possible serait un vrai débat public, ce qui n’a pas eu lieu malgré les promesses. Un débat qui offrirait la liberté d’expression aux divers points de vue, comme cela se fait en politique, et qui pourrait être suivi d’un référendum. Le projet collectif d’obligation, s’il était ainsi adopté, aurait alors une vraie légitimité, ce qui n’est pas le cas actuellement.
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[1] [Romain Gherardi – Toxic story – Actes Sud, 2017
Si vous avez une peu de temps, je vous recommande le podcast suivant qui raconte agréablement et rigoureusement la découverte de ce chercheur et les complications rencontrées.
Conversation scientifique avec Romain Gherardi sur France Culture