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Les styles sociaux (triades hornéviennes) : une clé majeure de l’Ennéagramme

Les styles sociaux, que l’on appelle également triades hornéviennes, sont une des parties les plus complexes de l’Ennéagramme. C’est aussi l’une des plus éclairante pour comprendre le comportement social des 18 ennéatypes (base + variant) et les difficultés relationnelles prévisibles.

Cet article est une synthèse aussi complète que possible à partir des auteurs ayant développé le sujet (en particulier Patricia et Fabien Chabreuil ; Richard Riso & Ross Hudson) et d’une expérience personnelle. Il propose une hypothèse innovante pour qualifier chaque ennéatype : le style social nuancé.

Triades hornéviennes - Ennéagramme

Sommaire

Les styles sociaux selon Karen Horney

Karen Horney (1885-1952) est une psychanalyste américaine, d’origine allemande, connue pour ses ruptures avec les théories de Freud dans plusieurs domaines :  la sexualité, l’influence de l’environnement culturel sur la construction de la personnalité et la nature de la névrose.
– Elle remet en cause la vision plutôt patriarcale de la théorie freudienne de la sexualité, avec notamment l’envie du pénis des petites filles, pour proposer une vision plus féminine.
– Elle souligne l’importance du facteur environnemental (familial, social, culturel) sur la genèse des névroses, ce qui donne à son approche une orientation culturaliste. Le culturalisme met en avant l’influence prépondérante de la culture et de l’éducation qui lui est associée dans la construction de la personnalité de base des individus.
– Elle considère la névrose comme une déviation des modèles comportementaux adaptés qui provoque un conflit intérieur. Une personne souffre de névrose si elle manifeste une rigidité au niveau de ses réactions et s’il y a un décalage entre son potentiel et ses accomplissements. Il en résulte une anxiété qui amplifie le conflit intérieur et divers mécanismes de défense pour la gérer. Ces mécanismes sont la face visible de la personnalité névrotique (1). Ils protègent des complications graves que pourraient induire une intensité du conflit intérieur, de fortes angoisses, une tendance suicidaire, une agressivité incontrôlée (1).

Dans la continuité de son approche sur la névrose, Karen Horney a défini dix besoins névrotiques et trois grands axes de réponses à ces besoins. Il en résulte trois orientations de personnalité selon la manière dont nous résolvons nos conflits intérieurs, ce qui nous donne un comportement en public qui définit un style social (2).

Il y a diverses descriptions des types décrits par Karen Horney. Celle proposée ici est issu d’une source indépendante de l’Ennéagramme, fondée sur la référence névrotique de l’auteur. Nous verrons au paragraphe suivant que les triades hornéviennes de l’Ennéagramme ont des similitudes, d’où leur nom, sas pour autant être superposables.

STYLE CONFORME :
va vers les autres

Répond à 2 besoins névrotiques
– L’affection et l’appréciation de la part des autres
– Un partenaire capable de résoudre les problèmes

Processus consistant à aller vers les gens, avec un certain effacement de soi. Selon Horney, des enfants confrontés à des difficultés avec leurs parents ont souvent recours à cette stratégie. La peur de l’impuissance et de l’abandon crée une anxiété de base.
Les personnes de style conforme ont tendance à présenter des besoins d’affection et d’approbation de la part de leurs pairs.
Ils peuvent également chercher un partenaire, quelqu’un à qui se confier, en croyant que tous les problèmes de la vie vont être ainsi résolus.
On peut retrouver un manque d’exigence et un désir de discrétion chez ces personnes.

STYLE AGRESSIF/ EXPANSIF :
s’oppose aux autres

Répond à 5 besoins névrotiques
– Le pouvoir et le contrôle des autres, paraître omnipotent
– Exploiter les autres, et en retirer le meilleur
– La reconnaissance sociale, le prestige
– L’admiration personnelle
– La réussite personnelle

Les personnes de style agressif ont souvent un fond de colère ou d’hostilité contre ceux qui les entourent. Elles ont besoin de pouvoir, de contrôle. Elles exploitent et affichent une façade d’omnipotence.
Elles recherchent de reconnaissance sociale, qui n’est pas nécessairement la célébrité, plutôt le fait d’être considéré (éventuellement craint) par ses subordonnés et ses pairs.
Elles apprécient d’être admirées pour leurs réalisations personnelles. Elles ont tendance à repousser les autres loin d’eux par leur affirmation. Elles se soucient seulement de leurs propres désirs et besoins et font tout ce qu’elles peuvent pour les satisfaire, même si cela doit blesser les autres.

STYLE DÉTACHÉ :
fuit les autres

Répond à 3 besoins névrotiques
– Restreindre sa vie à un ensemble limité pour qu’il ne manque rien au bonheur
– L’indépendance (autosuffisance)
– La perfection

Quand ni l’agression, ni la conformité n’ont pu résoudre l’indifférence parentale, Horney estime que les enfants peuvent tout simplement essayer de devenir autosuffisants.
Les personnes de style détaché peuvent ne pas tenir compte des autres d’une manière non agressive, considérant la solitude et l’indépendance comme des nécessités. En se retirant, elles peuvent chercher une perfection dans laquelle elles se doivent d’être inattaquables et raffinées.
Elles répriment ou nient leurs sentiments envers les autres, en particulier l’amour et la haine.

Les styles sociaux ou triades hornéviennes de l’Ennéagramme

L’Ennéagramme, à partir des caractéristiques connues des 9 bases, a défini des triades de styles sociaux, formant trois groupes de bases qui se répartissent sur le diagramme, comme les autres triades, avec une étonnante régularité. Chaque triade inclut l’une des bases du triangle 3 ,6 ,9 et les deux bases les plus opposées.
Elles ont été nommées triades hornéviennes, du fait d’une certaine correspondance avec les trois types de personnalités définis par Karen Horney, qui ne connaissait pas l’Ennéagramme.
En y regardant de plus près, il y a de vraies différences. Il est difficile d’associer clairement certaines bases aux types de Horney, alors que les triades de l’Ennéagramme regroupent des bases par des caractères reconnaissables. C’est la raison pour laquelle nous préférons parler de styles sociaux plutôt que de triades hornéviennes, d’autant plus que nous verrons plus loin que les styles ne sont pas uniquement associés à ces triades.

Styles sociaux de l'Ennéagramme

Ces 3 triades hornéviennes de l’Ennéagramme décrivent comment nous abordons le monde et comment nous agissons : nos déplacements, notre position sociale, comment nous obtenons ce dont nous avons besoin et comment nous gérons déceptions et la frustration.
Ces traits donnent des comportements tellement marqués qu’ils induisent des confusions de reconnaissance entre les bases d’une même triade.
Il existe plusieurs dénominations pour chaque style. Nous indiquons en premier celle utilisée par Riso & Hudson, qui ont donné une description détaillée de chacun d’entre eux.

CONFORMATIFS

Conformes

DÉPENDANTS

Ils sont soumis à l’autorité interne d’une norme (surmoi, diktat intérieur), une ligne de conduite à laquelle ils adhèrent, qui leur donne un cadre et les sécurise.
Ils vont spontanément vers les autres avec le désir d’être utile, créant des situations relationnelles diverses selon la nature de la norme interne et la capacité à admettre une norme différente chez l’autre.
Ils ont souvent une certaine facilité à accepter les normes collectives qui permettent de bien fonctionner ensemble, parce que fonctionner ensemble est une valeur importante, et ils ont besoin de se sentir acceptés. Cette acceptation par les autres est un vrai besoin, qui vient combler l’incapacité de se satisfaire par leur propre jugement sur eux-mêmes.
En même temps, sans que cela se révèle aussi contradictoire qu’on pourrait le penser, ils pensent et manifestent qu’ils ont la bonne manière de faire, ce qui peut être ressenti par les autres styles comme une pression normative.

Ils sont extravertis avec retenue

– Leur principal atout est de savoir s’adapter aux autres et de savoir fonctionner collectivement.
– Leur principale difficulté est un manque d’adaptation mentale par soumission à l’autorité morale interne, ce qui crée parfois des tensions et de la culpabilité en cas de non suivi du diktat interne.

ASSERTIFS

Agressifs

Expansifs

Ils ont développé un ego expansif qui réagit à la difficulté en s’affirmant, et ils ont tendance à se confronter aux autres.
Par leurs comportements et de manière peu consciente, ils essayent de contrôler, dominer et exploiter les autres, afin que le choses se passent comme ils le souhaitent. Ils ont une grande facilité à exprimer un avis, une demande et entrent facilement en action. Ils savent occuper leur place et ne pas se laisser marcher sur les pieds. Ils sont portés par le désir de résultat et s’intéressent davantage au monde extérieur qu’à ce qui se passe dans leur réalité intérieure.

Ils sont fortement extravertis.

– Leur principal atout est de savoir s’affirmer, obtenir ce qu’ils désirent et apporter l’impulsion qui fait bouger les choses.
– Leur principale difficulté est d’être coupé de leurs émotions et de ne pas savoir gérer leurs sentiments

EN RETRAIT

Retirés

DÉTACHÉS

En recul

Ils privilégient leur indépendance et sont fortement connectés à leurs états internes (pensées, sentiments) qui les entraînent facilement dans la rêverie. Ils ont tendance à se désengager du monde au profit de leur espace intérieur.
Ils s’écartent des autres pour préserver leur refuge interne et leur indépendance. Ils peuvent ainsi prendre du recul sur une situation et être peu affectés par ce qui s’y passe. Ils peuvent éprouver un sentiment de supériorité depuis leur monde interne, qui masque plus ou moins un fond d’insécurité intérieure.
Ils n’aiment pas la confrontation, ni la compétition. Face au conflit, ils cherchent à se retirer.

Ils sont introvertis.

– Leur principal atout est la capacité à voir les choses avec recul, ce qui permet la créativité, la synthèse ou la vision neutre dans une situations conflictuelle.
– Leur principale difficulté est l’incapacité à être présent à ce qui est là et d’agir rapidement quand cela est nécessaire.

Le lien entre style social et centre réprimé

Dans leur description initiale, les triades hornéviennes regroupent des bases dans un triangle bien défini (3, 6, 9) associés aux deux bases les plus opposées). Ils décrivent des caractéristiques communes à chacune des trois bases regroupées, sans critère commun mis en avant.
Un critère commun s’est ensuite révélé :  le centre réprimé, un paramètre négligé dans l’approche la plus traditionnelle de l’Ennéagramme. La première trace du lien entre centre réprimé et style social (selon Chabreuil) est apparue dans un livre de Riso & Hudson :  Personality Types –  Using the Enneagram for Self-Discovery, comme une hypothèse, qui n’est pas reprise dans leur livre de référence : The Wisdom of the Enneagram (La sagesse de l’Ennéagramme).
Il est cependant assez édifiant d’observer comment les caractéristiques de chaque centre réprimé expliquent chacun des trois styles sociaux, et pourquoi les variants µ n’entrent pas dans la triade hornévienne classique de leur base.

 

Centre
mental
réprimé :

STYLE CONFORMATIF

Conséquences :
– Confusion à propos du futur par difficulté à s’y projeter.
– Manque de vision globale et focalisation sur des détails ou sur la réaction des autres.
– Mental généralement très actif, mais tournant en boucle sur ce qui préoccupe.

Manifestations ;
– Facilité à aller vers les autres et entrer en contact avec eux, politesse (selon éducation) et besoin fort de relations.
– Limitation de la liberté de choix par une norme de référence qui ne permet pas de faire, sans culpabilité, ce qui n’est pas conforme à cette norme.
– Difficulté à accepter la différence des autres quand ils sont hors de la norme de référence.
– Dépendance aux autres qui viennent combler le manque d’autonomie mentale à choisir et décider ce qui est bon pour soi-même (référence interne). Être reconnu et validé par les autres (référence externe) est alors une nécessité.

Centre
émotionnel
réprimé :

STYLE ASSERTIF

Conséquences :
– Distance avec ses propres émotions.
– Insensibilité aux émotions des autres, qui conduit à la faible prise en compte des facteurs humains quand il s’agit d’atteindre ses buts.

Manifestations ;
– Froideur émotionnelle.
– Facilité à se montrer confiant face à l’autre pour affirmer ses opinions, ses choix, ses désirs.
– Insensibilité à ce que se ressentent aux autres lorsqu’il s’agit d’atteindre un but ou en en cas de contrariété.

Centre
instinctif
réprimé :

STYLE DÉTACHÉ

Conséquences :
– Absence de connexion spontanée avec le corps.
– Difficulté à engager une action.
– Besoin de se mettre en retrait de la réalité.

Manifestations ;
– Grande richesse de la vie intérieure
– Difficulté à être pleinement présent dans les relations
– Tendance à l’inertie corporelle
– Tendance dépressive latente

Les facteurs de complexification : vers une version avancée des styles sociaux

Si on intègre le fait que les variants µ n’ont pas le même centre réprimé que la base classique, que les bases 3, 6 et 9 ont deux centres réprimés, que le centre principal influe sur le style social, et qu’il y a dans la dynamique de chaque base une composante en lien avec un style social : on entre alors dans toute la complexité de l’Ennéagramme.
Celle-ci peut au premier abord décourager, alors qu’en prenant le temps de tout considérer, les styles sociaux donnent un éclairage lumineux du fonctionnement des comportements dans les relations, précieux dans la détermination ajustée d’une configuration.

• Les variants µ ont un centre réprimé bien défini, différent de celui la base classique (variant α). Les variants α et µ n’ont donc pas le même style social. Il y a souvent une certaine cohérence entre la dynamique de la base et la hiérarchie des centres de la forme classique (α), une cohérence qui ne se retrouve plus avec l’organisation des centres différente chez les variants µ. Cela contribue parfois à tensions internes que vivent certains de ces variants.

• Les bases 3, 6 et 9 ont un centre principal réprimé et un autre centre co-réprimé. La triade hornévienne classique inclut le centre principal dont la répression a des effets particulièrement marqués. Ces bases ont cependant un autre centre réprimé (co-réprimé) qui donne, à un niveau plus ou moins marqué, les comportements d’un autre style social. Ces bases associent donc les caractéristiques de deux styles. Celui qui est lié au centre principal et réprimé à la fois est généralement le plus marqué.

• Chaque centre principal, lorsqu’il n’est pas réprimé (bases 1, 2, 4, 5, 7, 8), a un effet qui se rapproche d’un style social et accentue sa manifestation.
Dans leur présentation Fabien et Patricia Chabreuil relient les typologies de Horney à la fois au centre réprimé et au centre principal.
Pour les centres principaux, la correspondance est la suivante :
– Centre instinctif actif : style assertif
– Centre émotionnel actif : style conformatif
– Centre mental actif : style détaché
Il y a donc une modulation des styles, selon qu’il y a cohérence entre les effets du centre mental et réprimé. Le centre principal agit plus particulièrement sur la vie intérieure et les mécanismes de défense.

• La dynamique des bases, en plus de leur centre principal, est en lien avec un style social, qui peut conforter ou s’opposer à celui qui est orienté par le centre réprimé.
Quelques exemples sont éclairants :

– BASE 1 : La soumission à la référence de son idéal est au cœur de la dynamique de la base, qui est donc par nature normative !
1 α – Style conformatif (mental réprimé) renforcé par la dynamique de la base
1 µ – Style assertif (émotionnel réprimé) qui apparaît également normatif, le mental actif en centre support étant aligné sur une référence figée.

– BASE 2 : La dynamique est d’aller vers les autres
2 α – style conformatif (mental réprimé) ancré sur la perception du besoin des autres, ce qui donne un mouvement vers l’autre particulièrement prononcé.
2 µ – Style en retrait (instinctif réprimé), plus ou moins masqué par la dynamique de la base qui reste celle d’aller vers les autres et attendre leur reconnaissance.

– BASE 5 : La prise de recul est ancrée dans la dynamique de la base, ainsi que l’isolation des ressentis émotionnels qui donne l’impression d’une insensibilité.
5 α – Style détaché (instinctif réprimé). La position en recul est extrême et la froideur apparente évoque une forte insensibilité (comme les assertifs), alors que c’est une protection qui cache une sensibilité réelle.
5 µ – Style assertif (émotionnel réprimé). La position en recul liée à la base met de la retenue dans l’affirmation de soi. L’insensibilité émotionnelle est accrue par le processus d’isolation, ce qui conduit à une froideur extrême.

– BASE 8 : La dynamique de la base est une posture de puissance qui veut se montrer forte et s’impose spontanément.
8α -Style assertif (émotionnel réprimé), renforcé par la dynamique de la base.
8µ – Style conformatif (mental réprimé) qui peut paraître assertif dans certains contextes quand la puissance naturelle s’impose derrière la retenue du style conforme, ou la déborde.

Les styles sociaux nuancés selon les bases et variants

La prise en compte de tous les paramètres précédemment cités conduit à une cartographie complexe des styles sociaux, qui ne sont pas enfermés dans les triades hornéviennes. On pourrait parler de styles sociaux nuancés.

De manière tout à fait arbitraire, et donc discutable, nous avons attribué des scores à chacun des critères afin de nuancer le style social complexe de chaque ennéatype (base + variant).
– Centre réprimé  ++ ou  co-réprimé : + ou ++ selon l’atténuation ou non par la dynamique de la base.
– Centre principal : +
– Dynamique de la base : + ou ++
Selon Patricia et Fabien Chabreuil, la part de style social porté par le centre réprimé se manifeste surtout dans le comportement, alors que la part liée au centre principal est plus en lien avec la vie intérieure et les mécanismes de défenses. La dynamique de la base intervient logiquement en fixant l’axe de préoccupation. Le rôle du centre co-réprimé pour les bases 3, 6 et 9 est le plus difficile à cerner du fait d’un manque de données à sujet, non pris en compte par les différents auteurs.

Le décodage du style social nuancé en relation avec la dynamique comportementale de la base donne une description précise de chaque Ennéatype qui s’accorde plutôt bien avec les différentes personnes que nous avons rencontrés, particulièrement les variants µ. On voit alors clairement que ce qui les démarquent des formes classiques de la base (variant α) découle du changement de style social consécutif au changement de centre réprimé.

❏ BASE 8

Dynamique de la base : Rechercher le pouvoir pour éviter à tout prix la faiblesse. Agir sur le monde avec force et volonté pour être en sécurité, rétablir la justice et protéger les faibles. Cette dynamique favorise le style assertif (++).
Centre principal : instinctif, qui favorise également le style assertif (+)

• 8α – Centre émotionnel réprimé, qui contribue fortement au style assertif (++)
Bilan : Assertif : +++++ 
C’est l’ennéatype qui a le plus haut niveau d’assertivité de L’Ennéagramme. Centré uniquement sur les actions qu’il croit juste de mener, il considère les autres et leurs émotions comme des obstacles à dégager ou à écraser. Son assertivité est au service de l’assouvissement de ses choix.

• 8µ – Centre mental réprimé, qui contribue fortement au style conformatif (++)
Bilan : Assertif +++  / Conformatif ++ 
La référence normative est donnée par le bon sens instinctif de la base 8 et le souci des autres : ce qui doit être fait pour que les choses fonctionnent et que chacun soit en sécurité. Il est plutôt rigide en ne voyant pas d’autre manière satisfaisante que celle qui est ressentie. En même temps, le style conformatif qui ne peut s’auto-évaluer du fait du mental réprimé a besoin de l’approbation des autres, dont il dépend beaucoup. L’ennéatype 8µ a donc à la fois besoin de la relation et d’avoir un impact sur les autres. Il est assertif par son style de communication exigeant et peu nuancé, et conformatif en étant bloqué sur son modèle et ses valeurs qu’il aimerait imposer aux autres. Il y a une certaine proximité de fonctionnement avec la base 1α.

❏ BASE 1

Dynamique de la base : Rechercher la perfection pour éviter à tout prix la colère. Faire les choses comme elles doivent être faites selon un idéal. Être reconnu pour la qualité de ce qui est fait, et montrer ainsi que l’on a raison. Cette dynamique favorise fortement le style conformatif (++).
Centre principal : instinctif, qui favorise le style assertif (+).

• 1α – Centre mental réprimé, qui contribue fortement au style conformatif (++).
Bilan : Conformatif : ++++ / Assertif +
La conjonction de la dynamique de la base et du centre mental réprimé donne un haut niveau de conformité. Le potentiel assertif souvent retenu (en cohérence avec la colère contrôlée), s’exprime essentiellement contre lui-même, et dans certains contextes envers les autres.

• 1µ – Centre émotionnel réprimé, qui contribue fortement au style assertif (++).
Bilan : Conformatif ++ / Assertif +++ , avec un alignement de l’assertivité sur la référence normative.
Il est convaincu moralement et intellectuellement de détenir la vérité sur ce qui est juste, et s’accroche avec beaucoup d’énergie à son point de vue. Il essaie d’imposer aux autres la discipline et les règles qu’il essaie d’appliquer lui-même. La composante conformative bloque la possibilité de changer de point de vue et rend particulièrement rigide. C’est ce qui le différentie du 8α avec lequel il a une proximité de fonctionnement

❏ BASE 9

Dynamique de la base : Rechercher l’harmonie pour éviter à tout prix les conflits. Faire ce qui favorise la paix et éviter tout changement qui pourrait générer un conflit et rompre l’harmonie existante. Cette dynamique favorise fortement le style détaché (++).
Centre principal & réprimé : instinctif, qui favorise aussi le style détaché (++).

• 9α – Centre émotionnel co-réprimé, qui contribue au style assertif (++), atténué par la dynamique de la base.
Bilan : Détaché : ++++ Assertif : ++
Il a une très forte capacité de détachement et d’inertie pour rester en inaction. C’est d’ailleurs dans cette fonction que se manifeste son assertivité : devenir insensible aux autres pour se maintenir en inertie ou ne pas changer d’avis (têtu). En position détachée, c’est le centre support mental qui fonctionne, créant un monde de pensées.

• 9µ – Centre mental co-réprimé, qui contribue au style conformatif (++).
Bilan : Détaché ++++ / Conformatif ++
La capacité de détachement est la même, mais sans la capacité de le faire au détriment des autres. L’aspect conformatif rend dépendant des autres et pousse à ne pas les contrarier en s’adaptant pour rester en relation. En position détachée, c’est le centre support émotionnel qui fonctionne, en entraînant le mental dans de profondes rêveries.

❏ BASE 2

Dynamique de la base : Aider les autres pour éviter à tout prix de voir ses propres besoins. Détecter les besoins des autres et trouver le moyen de les satisfaire pour leur plaire en étant entièrement dévoué(e) à eux. Cette dynamique favorise fortement le style conformatif (++) qui va vers les autres conformément à leurs besoins pressentis.
Centre principal : émotionnel, qui favorise également le style conformatif (+).

• 2α – Centre mental réprimé, qui contribue fortement au style conformatif (++).
Bilan : Conformatif : +++++
Le niveau de conformité est très élevé, avec la particularité de la base qui fixe en référence les besoins ressentis de l’autre. Il y a donc, contrairement aux autres bases conformes, une grande souplesse et la capacité de changer de référence (caméléon). La rigidité est dans le fait de plus lâcher la référence quand les besoins sont détectés. Le comportement conforme marqué induit une forte dépendance aux autres. Il permet une grande facilité à aller vers eux, jusqu’à être envahissant pour qu’ils acceptent ou fassent ce qui est perçu comme bon pour eux.

•  2µ – Centre instinctif réprimé, qui contribue fortement au style détaché (++).
Bilan : Conformatif +++ / Détaché ++
La conformité, de même type que dans le variant α, est atténuée avec le centre mental support qui réduit la dépendance aux autres. Le style détaché conduit à être moins envahissant. La dépendance à la reconnaissance inhérente à la base est toujours là. Elle est recherchée de manière moins pressante.

❏ BASE 4

Dynamique de la base : Être original pour éviter à tout prix la banalité. Se montrer avec son image fantasmée et chercher l’interaction pour ressentir des émotions afin de se sentir aimé(e), comblant ainsi un sentiment profond d’abandon. Cette dynamique est difficile à associer à un style social : le style détaché (++) semble le plus adéquat, du fait d’un centrage sur soi pour vivre auprès de ses propres émotions.
Centre principal : Émotionnel, qui favorise le style conformatif (+).

• 4α – Centre instinctif réprimé, qui contribue fortement au style détaché (++).
Bilan : Détaché ++++ / Conformatif +
Le fonctionnement émotionnel/mental conduit à un style détaché marqué, avec une focalisation de ce qui se passe à l’intérieur et une difficulté à agir. L’attention au monde extérieur est orientée vers ce qui se nourrit la vie intérieure. La composante conforme s’exprime dans la forte dépendance aux autres dont les attitudes nourrissent la vie intérieure et la différence sert de référence pour se sentir unique. Elle cohabite avec un anticonformisme associé à la base 4.

• 4µ – Centre mental réprimé, qui contribue fortement au style conformatif (++).
Bilan : Conformatif +++ / Détaché ++
Le fonctionnement émotionnel/instinctif qui pousse au besoin d’agir dans le monde extérieur limite le style détaché, bien que la vie intérieure reste intense. Le style conformatif marqué permet une meilleure adaptation à la vie en société et rend très dépendant des autres, notamment pour valoriser les actions entreprises dont dépend l’estime de soi. Le manque de retours gratifiants effondre cette estime et conduit à multiplier les actions et les excentricités pour tenter de les obtenir.

❏ BASE 3

Dynamique de la base : Recherche de succès personnel pour éviter à tout prix le sentiment d’échec. Réussir pour obtenir l’admiration des autres et montrer cette réussite pour ressentir de la reconnaissance. Cette dynamique favorise le style assertif (++).
Centre principal & réprimé : émotionnel, qui favorise aussi le style assertif (++).

• 3α – Centre mental co-réprimé, qui contribue au style conformatif (++).
Bilan : Assertif : ++++ / Conformatif ++
Il a une très forte capacité d’action et fait en sorte de n’avoir aucun obstacle à sa réussite, d’où une forte assertivité qui s’exprime dans le monde. L’aspect conformatif permet de s’adapter au contexte qui permet de réussir, avec, comme la base 2, une souplesse (effet caméléon) et la capacité de se coller à la norme quand elle est choisie. Il recherche l’admiration des autres et est soumis à ce besoin.

• 3µ – Centre instinctif réprimé, qui contribue au style détaché (+), a priori peu exprimé du fait de la dynamique de la base qui a peu accès à la vie intérieure.
Bilan : Assertif ++++ / Détaché + 
Le besoin de réussir et de susciter l’admiration est le même avec deux différences. Il se manifeste beaucoup moins dans le domaine de l’action (instinctif réprimé), et travaille volontiers seul, en retrait, dans le mode des idées ou de projets qui seront ensuite confiés à d’autres pour la réalisation. Le besoin de reconnaissance lié à la base maintient malgré tout une certaine dépendance aux autres. L’absence de composante conformiste permet une plus grande liberté comportementale et une créativité innovante.

❏ BASE 5

Dynamique de la base : Comprendre le monde et anticiper pour éviter à tout prix les intrusions perçues comme menaçantes. Rassembler suffisamment de connaissances afin avoir les ressources nécessaires pour se protéger du monde. Cette dynamique favorise fortement le style détaché (++).
Centre principal : mental, qui favorise aussi le style détaché (+).

• 5α – Centre instinctif réprimé, qui contribue fortement au style détaché (++).
Bilan : Détaché +++++
C’est l’ennéatype le plus en retrait, le plus en difficulté en relation. Les autres l’épuisent, et il manque de cartes pour savoir s’y prendre avec eux. Il ne sait pas gérer sa sensibilité émotionnelle et se protège en la mettant de côté, ce qui lui donne une apparence froide. Très loin du conformisme, il supporte mal les normes et ne sait pas vraiment s’adapter à celles d’un groupe qui permettent de vivre ensemble. Il a développé une compétence à passer inaperçu et à disparaître incognito. Quand il se replie en lui-même, il vit dans un monde de pensées très, à l’aise dans l’abstraction qui ne demande pas d’implication dans le monde

• 5µ – Centre émotionnel réprimé, qui contribue fortement au style assertif (++).
Bilan : Détaché +++ / Assertif ++
L’aspect détaché de la base 5 avec une vie mentale intense est toujours présent. L’émotionnel réprimé relègue loin les émotions qui ne posent plus vraiment de problème, ce qui manifeste une grande froideur. Le centre instinctif en support permet de s‘impliquer dans le monde pour aller chercher activement de l’information, agir et s’exprimer publiquement. Il n’hésite pas à afficher sa supériorité et son leadership dans le domaine qu’il maîtrise.

❏ BASE 7

Dynamique de la base : Être optimiste et faire des plans pour éviter à tout prix la souffrance, l’ennui et l’enfermement. Voir les choses positivement et planifier activement pour toujours prendre le bon côté des choses et avoir une vie joyeuse et optimiste dans un monde heureux. « Tout est OK si j’obtiens ce que je désire ».  Cette dynamique favorise le style assertif (++), avec la particularité d’avoir toujours plusieurs choix et de ne pas avoir à insister pour obtenir ce qui est souhaité.
Centre principal : mental, qui favorise aussi le style détaché (+).

• 7α – Centre émotionnel réprimé, qui contribue fortement au style assertif (++).
Bilan : Assertif : ++++ / Détaché +
L’ennéatype est fortement assertif dans sa capacité à obtenir ce qu’il souhaite sans se soucier des conséquences sur les autres. Sa particularité est une grande habileté à être sympathique et l’obtenir avec un consentement. Sa nature très positive le rend si agréable qu’il est difficile de lui en vouloir. Son fonctionnement mental/instinctif lui permet d’être facilement présent à ce qui se passe et de passer à l’action de manière spontanée. L’aspect détaché ne se voit pas, il se manifeste par une activité intérieure intense et un retour sur lui-même pour se retirer et s’orienter vers un autre choix dès qu’il n’obtient pas ce qu’il souhaite

• 7µ – Centre Instinctif réprimé qui contribue fortement au style détaché (++).
Bilan : Détaché +++ / Assertif ++
Le caractère assertif est alors uniquement lié à la dynamique de la base qui sait obtenir ce dont elle envie sans besoin. Elle l’obtient sans faire pression, en utilisant la capacité à avoir de multiples plans parmi lesquels il y en a toujours un qui va aboutir. Le fonctionnement mental/émotionnel manifeste une nette différence dans un côté rêveur plus ou moins présent et une difficulté à passer à l’action. La sensibilité émotionnelle rend plus difficile de satisfaire ses désirs au détriment des autres, ce qui peut occasionner des tensions internes. Le caractère détaché qui prend du recul est plus apte à conscientiser ce qui pose problème, ce qui peut conduire à des vagues dépressives.

❏ BASE 6

Dynamique de la base : Recherche d’approbation pour éviter toute déviance. Être conforme à ce qui est attendu pour garder la confiance de ceux qui apportent la sécurité. Être vigilant à tout écart qui menacerait cela.  Cette dynamique favorise le style conformatif (++).
Centre principal & réprimé : mental (détaché +), ce qui favorise également le style conformatif (++).

• 6α – Centre instinctif co-réprimé, qui contribue au style détaché (++).
Bilan : Conformatif : ++++ / Détaché +++
La quête d’approbation, couplée au doute, est enraciné dans la construction. Avec un mental à la fois centre principal et réprimé, la composante conforme avec dépendance vis-à-vis des autres est fortement marquée. La référence normative est ce que la personne croit que les autres attendent d’elle. Le respecter est vital, pour ne pas mettre en péril une relation ou l’appartenance à un groupe qui sont la seule vraie garantie de sécurité.
La composante phobique en 6α est généralement forte, ce qui s’accorde avec le caractère détaché. Celui-ci se manifeste par une position d’attente et de procrastination, dès lors qu’il y a un doute sur la conformité de ce qui doit être entrepris. Le fonctionnement en mode émotionnel dominant autour de la peur, sans allié instinctif, est alors peu propice à l’action qui ne semble d’aucune utilité.
Lorsqu’il y a une composante contre-phobique, le comportement peut être par moment opposé, avec des manifestions rebelles, une affirmation impulsive qui permet d’agir sans se poser de question.

• 6µ – Centre émotionnel co-réprimé, qui contribue au style assertif (++).
Bilan : Conformatif ++++ / Assertif ++ / Détaché +
Le variant µ est assez proche de la forme classique de la base dans son mécanisme de fond. Il diffère par la composante assertive qui pousse à s’affirmer et se mettre en avant, aidé par un mécanisme contre-phobique qui se manifeste spontanément et s’intègre comme une capacité naturelle à agir. Le comportement est globalement plus actif et capable de réussir dans le monde, dès lors qu’une référence externe donne le sentiment d’être protégé. Le fonctionnement en mode instinctif dominant, sans allié émotionnel, est alors propice à l’action conforme à ses valeurs, avec une faible sensibilité à l’impact que cela peut avoir sur les autres. Le fond de conformité,  toujours là , peut cependant créer dans certains contextes une tension interne entre un désir compulsif de faire et le doute de ne pas faire conformément à ce qui est attendu.

Impact des styles sociaux sur les difficultés relationnelles

Chacun des trois styles sociaux, correspondant aux triades hornéviennes, est associé à un centre réprimé, et manifeste des comportements élaboré en dehors des potentiels de ce centre. Il est donc logique que les configurations dont centre principal actif est analogue au centre réprimé associé à un style social soient en difficulté avec ce style social. Une difficulté qui peut prendre une importance disproportionnée avec la situation qui la provoque.

–  Les configurations à dominante mentale (5 et 7) sont en difficulté par le style conformatif, qui leur donne le l’impression de se faire enfermer dans une manière de voir les choses qui n’est pas la leur.

– Les configurations à dominante émotionnelle (2 et 4) sont en difficulté avec le style assertif, qui leur donne le sentiment qu’il n’y a aucune humanité dans la relation.

– Les configuration à dominante instinctive (1 et 8) sont en difficulté avec le style détaché, qui leur donne la sensation d’être face à un être inconsistant, confus, abstrait, et déconnecté de la réalité.

– Les bases 3, 6 et 9 qui n’ont pas de centre dominant actif pourraient ressentir ces difficultés en rapport avec leur centre support (3α et 6µ : instinctif – 6α et 9µ : émotionnel – 9α et 3µ : mental). Elles semblent globalement plus adaptables à tous les styles sociaux que les autres.

Rérérences

1) Karen Horney, Nos conflits intérieurs » – Éditions L’Arche, 1953.
Livre épuisé en 2023

2)  Les trois grandes réponses aux besoins névrotiques selon Karen Horney

3) Don Richard Riso & Russ Hudson  La Sagesse de l’Ennéagramme : Le guide complet de développement psychologique et spirituel – InterÉditions, 2018

4) Fabien et Patricia Chabreuil : Ennéagramme et typologie de Horney

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